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À la résidence Ambroise Croizat, les seniors deviennent bijoutiers d’un jour – Grand Paris Popu

À la résidence Ambroise Croizat, les seniors deviennent bijoutiers d’un jour

En plein cœur du quartier du Petit-Ivry, à la frontière du XIIIe arrondissement de Paris, retraités et résidents ont participé à un atelier de création, ce jeudi. L’occasion pour ces Ivryens de confectionner les bijoux qu’ils offriront à leurs proches pour les fêtes.   

Les participants ajoutent perles et paillettes à leurs broches. ©Dina Bekhouche

Concentrée sur son choix de perles, une jeune retraitée aux cheveux frisottants hésite face à la variété de pièces soigneusement rangées dans de grandes boîtes. «La dernière fois, j’ai fait des boucles d’oreilles et ma fille me les a piquées», ricane Chantal. Elle fait partie de la vingtaine de personnes réunies dans la salle principale de la résidence autonomie Ambroise Croizat, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). «J’ai grandi ici et j’y suis revenue il y a 20 ans», confie-t-elle. Ancienne vendeuse de luminaires dans la galerie marchande de la ville, Chantal passe désormais tous ses après-midi dans les résidences autonomie et ne manque aucun évènement.

À Ivry-sur-Seine, on compte deux structures de ce type, financées par la mairie et le conseil départemental, qui accueillent tous les seniors ivryens. L’objectif : favoriser le lien social et proposer des activités gratuites. Ces infrastructures disposent aussi de logements indépendants pour un hébergement longue durée, mais non médicalisé. Ce jour-là à Ambroise Croizat, c’est atelier bijoux. Perles colorées et pistolets à colle sont mis à disposition des participants. «J’ai acheté des lacets donc aujourd’hui, je veux faire un pendentif», lance Chantal à l’animatrice de l’atelier. «Très bien, quelles sont tes teintes ?» la questionne Béatrice.

Cette dernière chapeaute les activités des deux résidences autonomie. «On organise des ateliers pour que les habitants puissent rester autonomes et rencontrer des gens», éclaire l’animatrice. Employée municipale depuis 33 ans, elle travaillait auparavant avec les enfants. Elle a rejoint les seniors il y a un an et demi. «Avec eux, j’apprends plein de choses et ils sont très drôles», explique-t-elle. 

Mêler recyclage et convivialité  

Pour confectionner les bijoux, chacun apporte du matériel. Capsules de cafés, fils électriques, cordons… Le but est de lier petit budget et sensibilisation au recyclage.  «On sollicite nos retraités, qui jetaient auparavant certains matériaux réutilisables, pour leur proposer des ateliers qu’ils n’auraient même pas imaginés», indique Béatrice. Pour cette session, plusieurs participantes ont choisi de fabriquer des broches. Les anciennes capsules de cafés nettoyées puis écrasées servent de base à leurs créations. 

Pull violet et cache-cou assorti, Arlette, surnommée «Cacahuète», s’attelle à la tâche avec minutie. Elle se concentre déjà sur l’assemblage de sa seconde broche mêlant différentes nuances de vert. «Je vais en faire plusieurs pour les mettre ensuite dans le mini-four», indique-t-elle en pointant du doigt la lampe à ultraviolets qui permet de fixer les créations. «Je vais offrir celle-là à ma coiffeuse, car elle m’a donné des capsules pour l’atelier», précise Arlette. Agents de la mairie, famille… Chacun sait déjà à qui offrir ses créations. 

Comme d’autres retraités, Arlette a découvert les résidences grâce à une collègue. Elle s’y rend régulièrement depuis un an et demi. «J’aime venir parce que c’est cocooning, on est moins nombreux que dans l’autre résidence et il y a un côté très famille», se réjouit-elle. Dans la résidence Ambroise Croizat, de dix à trente retraités participent aux activités proposées ou viennent au goûter du mardi.

« J’ai eu quelques appréhensions au début »

De l’autre côté de la table, une femme au poignet plein de bracelets, confectionnés par ses soins, cherche des perles dans les boîtes. «Je travaillais à la transfusion sanguine et je suis venue pour la première fois il y a six ans, au moment de prendre ma retraite. C’est Joseph, l’un des doyens de la résidence, qui m’a accueillie le jour de Noël», explique Hélène. Elle a fait connaître cette infrastructure à plusieurs de ses amis. «C’est difficile de faire des rencontres dans un lieu public. Certaines copines ne voulaient pas venir au départ, car le nom de résidence autonomie fait un peu peur», avoue-t-elle. 

Une nouvelle résidente, écharpe rose autour du cou, vient saluer les externes. «Moi, je viens juste regarder aujourd’hui», annonce Jacqueline, à la retraite depuis dix mois. Elle a découvert la résidence par hasard alors qu’elle venait s’informer sur les ateliers. «Je ne savais même pas qu’on pouvait y vivre. Puis, on m’a fait visiter un studio. Six mois plus tard, je m’y installais», explique-t-elle. Cette jeune senior est arrivée à Ivry-sur-Seine sans connaître personne. «J’étais toujours seule car j’avais des horaires de bureau très intenses et je m’étais habituée à cette solitude. J’ai donc eu quelques appréhensions au début», témoigne Jacqueline. 

«On ne mord pas. Enfin, ça peut venir», ricane Violette, une autre des vingt résidents de l’établissement. Frange violette et coupe garçonne soignée, elle sirote un thé en observant son amie Raymonde, occupée à enfiler des perles. Avec une troisième retraitée, elle forme «le clan des bavardes» d’après les autres bijoutiers amateurs. Au milieu des rires qui rythment l’atelier, Raymonde donne son cordon de perles à l’animatrice pour le nouer. Broches colorées, cordons à lunettes… C’est l’heure pour les participants de montrer fièrement leurs créations du jour. «La place Vendôme et Van Cleef n’ont qu’à bien se tenir», ironise Béatrice.