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À l’atelier «les femmes tissent des liens», les habitantes reviennent sur leur rapport à Ivry – Grand Paris Popu

À l’atelier «les femmes tissent des liens», les habitantes reviennent sur leur rapport à Ivry

À la médiathèque d’Ivry-sur-Seine, des habitantes ont participé à l’atelier «les femmes tissent des liens» ce mercredi. Ce dernier s’inscrit dans un projet qui vise à rendre l’art et la culture plus accesibles aux femmes.

Les participantes à l’atelier écoutent une membre du collectif Ne rougissez pas ! © Ludivine Dewulf

Ce mercredi 18 décembre, sept Ivryennes participent à l’atelier “les femmes tissent des liens”. La plupart se sont retrouvées dans cet atelier un peu par hasard, après avoir entendu l’annonce de la médiathèque. Si la curiosité les a amenées jusque-là, ces Ivryennes découvrent qu’il s’inscrit dans un projet plus large, porté par le collectif « Ne rougissez pas ! ».

Installé à Ivry-sur-Seine depuis 2011, ce collectif réunit des graphistes, des architectes et d’autres artisans féministes. Avec l’objectif d’utiliser l’art pour que les gens, et notamment les femmes, en apprennent plus sur eux-mêmes et leur territoire. Le tout à travers des ateliers interactifs. Leur dernier projet comporte quatre volets : la réalisation d’un film sur des habitantes de la cité des Longs Sillons, un podcast sur les femmes du quartier d’Ivry-Port, un livre sur le corps des femmes et une série d’ateliers. Le but de ces derniers, faire réfléchir les Ivryennes sur la manière dont elles occupent l’espace dans la ville.

Toutes les femmes sont importantes

«Allez on part sur du rouge. Gris et rouge, c’est stylé n’est-ce pas ?» s’exclame Laura, 38 ans, du haut de son fauteuil roulant. Au coin de la table, elle se concentre pour dessiner une basket. Les organisatrices viennent de demander aux participantes d’esquisser les chaussures qu’elles portent dans les transports.

Dans la ville, les transports sont incontournables. Et la sélection des chaussures pour les emprunter aussi. Pour le collectif, ce choix montre comment les femmes s’adaptent aux difficultés rencontrées. Dominique, 54 ans, dessine une paire de bottes pour prendre le bus. Pour elle, la raison est évidente : «Les bus font des arrêts trop brutaux. Avec des bottes, je ne risque pas de tomber !» À l’aide d’un feutre bleu, Dominique complète l’arrière-plan de son dessin avec des fleurs. Elle qui aurait voulu travailler dans la mode s’applique. Sourire aux lèvres, elle montre ses deux croquis aux autres participantes : «Voici mes chefs-d’œuvre !»

Dominique s’investit dans ses dessins ©Ludivine Dewulf

Après le dessin, place à l’écrit. Les participantes s’attaquent à la carte des « essentielles ». Sur celle-ci doivent figurer des femmes que les participantes pensent indispensables au bon-vivre d’Ivry-sur-Seine. Le but : voir comment d’autres femmes occupent l’espace. Penchée sur sa pancarte, Francette, une retraitée de 78 ans, écrit frénétiquement. Pour elle, c’est simple : toutes les Ivryennes ont un rôle essentiel. «Ma boulangère est sans-papiers. Mais elle travaille plus que la plupart d’entre nous, explique-t-elle. Une autre de mes connaissances s’occupe des sans-papiers. Ça aussi, c’est formidable.»

Une autre carte attend les participantes : celle des émotions. Peur. Joie. Tristesse. Colère. Elles doivent trouver des endroits d’Ivry dans lesquels elles ont ressenti ces émotions. Le tout sera représenté sur une carte sensible, qui racontera comment les femmes vivent la ville. Arrive le moment de la colère. Une voix s’élève : «Ça m’a énervé ! T’imagine même pas ! Les gens sont fous !» dixit Karima, 45 ans, une surveillante de cantine habitant la cité Spinoza. En août dernier, un homme a tenté de la violer au Parc Jules Coutant, à deux pas de la médiathèque. C’est tout naturellement qu’elle a noté cet événement sur la pancarte.

Les Ivryennes écrivent une émotion vécue dans un lieu d’Ivry-sur-Seine ©Ludivine Dewulf

Ces deux créations composent la carte sensible. Avec cette carte, le collectif Ne rougissez pas ! cherche à simplifier la représentation graphique d’Ivry. «Les cartes en deux dimensions, ça ne parle pas à tout le monde, remarque Clara, une membre du collectif Ne rougissez pas !. Quand les gens placent des émotions sur des rues, ils s’approprient le lieu.»

Clara aide les Ivryennes à coucher leurs émotions sur le papier. Quand Francette lui explique qu’elle a participé aux manifestations contre la fermeture de SKF, une usine de roulements à billes d’Ivry-sur-Seine, dans les années 1980, Clara écarquille les yeux. C’est pour ce genre de récits que le collectif a voulu s’intéresser aux Ivryennes.

L’atelier touche à sa fin. Il a fait l’unanimité parmi les participantes. «La plupart du temps, je reste chez moi. Là, je peux voir d’autres personnes», affirme Dominique. Le collectif « Ne rougissez pas ! » compte collecter des témoignages d’Ivryennes jusqu’en janvier. Le 8 mars, journée internationale des droits de la Femme, ils figureront tous sur la carte sensible.

Ludivine Dewulf