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Brahim Yatera, le syndicaliste au service des soignants – Grand Paris Popu

Brahim Yatera, le syndicaliste au service des soignants

Les syndicats sont sortis victorieux de huit semaines de grève à l’hôpital Beaujon. Brahim Yatera, aide-soignant et représentant Force ouvrière, partage son quotidien entre ses gardes auprès des malades et le militantisme.

Brahim Yatera pose dans la permanence de la CGT © Emmeline CLOUET

Son téléphone n’arrête pas de vibrer quand il entre dans la permanence syndicale, située dans l’arrière-cour de l’hôpital Beaujon. Lunettes en verres fumés pour dissimuler des yeux cernés, Brahim Yatera s’assoit tout en essuyant les mots d’esprits de ses camarades. «Il faut savoir doser, Brahim» blague Arnaud. «Tu peux le poser ton téléphone, il ne va pas s’envoler» complète Didier, un autre collègue syndicaliste. L’exercice est particulier pour le soignant de l’hôpital Beaujon et représentant de Force Ouvrière (FO). Lui qui est plus habitué à parler de la lutte que de lui-même va tenter de raconter son quotidien de syndicaliste-soignant.

«Hors de question de se résigner»

Les jours précédents ont été chargés. Pendant huit semaines, les soignants de l’hôpital de Clichy ont fait grève afin de dénoncer les pénuries de personnels et les mobilités interservices imposées aux soignants. Finalement, l’intersyndicale Sud Santé, CGT et FO a obtenu gains de cause. «La grève générale a soudé le personnel et mis en avant les revendications de l’ensemble des services. Gagner en cette période, c’est une récompense bien méritée pour tout le monde, y compris pour moi-même» reconnaît Brahim Yatera.

Aujourd’hui aide-soignant et secrétaire de la section FO à Beaujon, Brahim Yatera a pourtant débuté son parcours au sein de la CGT. « Même si je l’ai quittée depuis longtemps, cela ne m’empêche pas de prendre un café avec eux », plaisante-t-il en désignant ses camarades. Arrivé à la quarantaine, il s’est engagé à FO. Un choix qu’il ne regrette pas car il se sent utile pour les soignants et le personnel de l’hôpital. «J’ai commencé à travailler à Beaujon en 2000 et une semaine après, j’étais syndiqué, annonce-t-il fièrement. Dans le monde du travail, quand tu es seul, tu te fais avoir.» Alors la récente victoire de l’intersyndicale, c’est un peu Noël avant l’heure. «Notre récente victoire, elle donne de l’espoir.» L’espoir pour lutter contre la désillusion et les ressorts du monde du travail, c’est le mantra de Brahim Yatera. «J’ai grandi à Franc Moisin, un quartier chaud de Saint-Denis. J’ai vu ce que c’était la résignation. Le manque de moyens et le désintérêt de l’Etat. Hors de question de se résigner.»

Militer et soigner : un engagement sans répit

«Faire la grève, c’est jouer au chat et à la souris», confie-t-il un sourire en coin. Il faut tenir le piquet de grève, tracter, aller en assemblée générale et négocier avec l’APHP. Une cadence rythmée et fatigante, en temps de mobilisation comme lors des heures de travail. Aide-soignant, Brahim est sollicité par ses collègues lors de ses gardes pour les conseiller et les orienter. «C’est dur de tenir le rythme, mais je l’assume», déclame-t-il fièrement.

La barrière entre la vie professionnelle-syndicale et la vie de famille est souvent ténue. Quand il rentre chez lui, l’engagement le poursuit. Textos, appels, il répond à tout le monde. «J’ai pris une mauvaise habitude car ça m’arrive de répondre aux textos dans mon lit.» Brahim se documente sur son temps libre. «Les lectures, c’est ce qui prend le plus de temps. Actuellement, je m’informe sur la situation à Mayotte.» Alors, apprendre à couper est devenu un objectif, surtout quand la vie familiale en pâtit. Sa compagne est syndiquée. «Elle me dit qu’elle respecte ce que je fais, mais souvent elle voudrait passer en premier. L’autre ne peut pas faire tous les sacrifices pour nous. C’est avec l’âge qu’on mûrit et qu’on apprend à doser.»

Se réunir avec les camarades syndicalistes lui permet de souffler et de partager son vécu. D’autant que la dernière victoire a un arrière-goût amer. L’hôpital Beaujon fait partie du groupe des hôpitaux de Paris (AP-HP). L’organisme a pour projet de réunir les hôpitaux de Beaujon et Bichat en un seul complexe à Saint-Ouen tout en fermant les deux sites. Le téléphone sonne. Cette fois-ci, il ne peut pas différer l’appel. «On va relancer le bras de fer avec la direction. Ils savent qu’on ne va rien laisser passer», conclut Brahim Yatera tout en quittant la permanence.

Emmeline Clouet