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La Pépinière, un lieu de vie en rupture avec la municipalité – Grand Paris Popu

La Pépinière, un lieu de vie en rupture avec la municipalité

L’association La Pépinière est très engagée dans la vie sociale d’Aubervilliers. Mais depuis le changement de mandature en 2020, ses liens avec la mairie sont rompus.

Le bar de la Pépinière @Ambre Déprés.

Toutes sortes d’odeurs s’échappent d’un grand hangar de la rue Moutier, à Aubervilliers. A l’entrée, un four à pain réchauffe la pièce et l’embaume. C’est Bulle, une jeune pâtissière de 28 ans, qui est aux commandes de Panifixion, une mini-boulangerie. « Messieurs-dames, un peu de patience, la deuxième fournée de pain au levain est prête dans cinq minutes », lance-t-elle. Quelques mètres plus haut, ce sont le piment oiseau et le safran qui parfument l’entrepôt réaffecté de 180 mètres carrés. Derrière une grande cuisinière qu’elles louent à l’association chaque semaine, les Femmes Battantes sont aux fourneaux. Fatou, Maïté et Mariame proposent un service de traiteur autour des plats de leurs pays d’origine d’Afrique de l’Ouest. Au menu, du mafé, un mets malien à base d’arachide ou encore du thiep, un plat sénégalais de poisson.

Comme chaque jeudi, La Pépinière accueille une dizaine d’associations, toutes centrées sur l’alimentation et la restauration. Une Amap, une association qui met en relation producteurs et consommateurs, et une épicerie autogérée proposent également des produits locaux, bios et à petit prix. « Aujourd’hui, le producteur propose des poireaux, des navets et des oignons », détaille Louise, une jeune d’Aubervilliers qui vient chercher sa commande hebdomadaire. Alors qu’elle s’apprête à partir, Louise est interpellée. « Eh la miss ! Tu ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça, lance Alexis, bénévole au bar. Allez, viens prendre une bière ! » Un sourire illumine le visage de la jeune femme. « Évidemment ! J’arrive », réplique-t-elle sans hésiter.

Un « lieu de vie » engagé

Assis au comptoir du bar, Evelyne et Jacques sont eux aussi au rendez-vous. « On adore venir ici, affirme la retraitée. On voit les copains et on papote. C’est un vrai lieu de vie ! » A leur image, ce sont entre cent et deux cents adhérents qui se retrouvent à La Pépinière les mardis et jeudis soir ainsi que les samedis matin. Nina, quant à elle, emmène son fils de quatre ans dès que son emploi du temps le lui permet. « Je vis seule alors ça me permet de voir du monde, explique-t-elle. Jules s’amuse et pendant ce temps, je bois un verre. Je peux même repartir avec le dîner, c’est génial ! »

Mais La Pépinière est bien plus qu’un espace de rencontres où l’on peut faire ses courses. En dehors des horaires d’ouverture, les bénévoles mènent diverses actions sociales dans la ville. La dernière en date, quelques jours plus tôt, a permis d’offrir un repas aux habitants d’un squat de la ville menacés d’expulsion. « On a réussi à préparer 70 plats chauds en quelques heures », se félicite Gaspard Tiné-Beres, qui a fondé La Pépinière en 2017.

Cet engagement social débute lors du Covid. « Quand le confinement a commencé, on a tout réorganisé, assure Gaspard Tiné-Beres. On donnait 500 repas par jour à des personnes qui n’avaient plus rien. » Pour cela, l’association a puisé dans ses réserves financières. « On a fait ce que la mairie n’a pas réussi à faire, précise-t-il. On a continué à faire des distributions depuis, partout à Aubervilliers. » Au regard de ces actions, La Pépinière a été déclarée association d’intérêt général le 11 décembre 2024.

« La mairie se fiche des gens comme nous »

Le trentenaire ne manque pas de rappeler que La Pépinière agit seule dans la ville. « On fonctionne sans la mairie, assure Gaspard Tiné-Beres. On ne veut rien avoir à faire avec elle. » Alors que l’association entretenait de bonnes relations lors de la précédente mandature, un fossé s’est créé avec la collectivité en 2020. À l’époque, La Pépinière était installée dans la ferme Mazier, un des vestiges de l’activité maraîchère de la ville achetée par la municipalité en 1962. Mais après l’élection de Karine Franclet, la maire UDI d’Aubervilliers, l’association est sommée de quitter les lieux pour cause d’insalubrité. Une justification qui ne convainc pas Gaspard Tiné-Beres. « C’est juste des foutaises ! La ferme venait d’être rénovée, s’exclame-t-il. Karine Franclet ne veut juste pas qu’on occupe un bâtiment qui leur appartient. » Contactée, la mairie n’a pas souhaité apporter de précisions.

Depuis lors, La Pépinière dénonce un abandon de la part de la collectivité. « La mairie se fiche des gens comme nous », clame-t-il. Gaspard Tiné-Beres assure également que depuis l’investiture de la maire, « aucun élu n’est venu s’intéresser à [eux] ». Et c’est « tant mieux », lance-t-il. En réaction, l’association a décidé de couper ses liens avec la municipalité et d’arrêter de demander les subventions qui lui reviennent. « On n’a pas besoin de leur argent, appuie-t-il. Nous, ça nous empêche d’être indépendants et eux, ils s’en servent pour leur communication. On ne veut pas de ça. » En excédent financier, La Pépinière est en effet autosuffisante sur le plan économique. Elle tire ses revenus de trois sources : un tiers provient des loyers que payent les différentes associations, un autre émane des dons mensuels des adhérents et le dernier découle des recettes générées par le bar.

L’association ne refuse pas pour autant de réaliser des prestations commerciales pour la collectivité. « On veut bien être leur fournisseur, mais rien de plus », déclare-t-il. La prochaine sera assurée par les Femmes Battantes. Une cinquantaine de plats devront être livrés à la mairie avant les fêtes de fin d’année.

Ambre Déprés