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Le derby de handball du 94, vitrine de Créteil à l’approche de Noël – Grand Paris Popu

Le derby de handball du 94, vitrine de Créteil à l’approche de Noël

Créteil recevait vendredi Ivry en championnat de France de handball. Un match sous haute tension, primordial pour la domination régionale. Mais ce derby est aussi l’occasion de mettre en avant une image dynamique et engagée du club phare de la ville.

Crédit : Emeric Bravard

Malgré le froid glacial de ce vendredi soir de décembre, ils sont déjà des dizaines devant le palais des sports Robert Oubron de Créteil, alors que les portes ne sont même pas encore ouvertes. Car ce soir, ça n’est pas un match comme les autres pour l’US Créteil handball, le club vedette de la ville, qui évolue au plus haut niveau français. C’est le derby du 94, Créteil contre Ivry, le match le plus attendu de la saison entre deux clubs historiques du championnat de France. Les portes s’ouvrent, la chaude soirée peut commencer.

Sébastien est bénévole depuis septembre. Tout en plaçant les spectateurs dans les tribunes, il souffle, ébahi : « C’est à guichets vraiment fermés. On a ouvert une tribune qu’on n’ouvre jamais, même quand vient le PSG (de handball, ndlr) ». Ce Cristolien – un habitant de Créteil – s’est engagé dans le club car il correspond à ses valeurs : « Ils ne sont pas dans les meilleurs, donc ils se battent beaucoup, ils ne lâchent rien ». Leur maillot d’échauffement, mis en évidence dès l’entrée dans le hall, est un poing fermé aux couleurs arc-en-ciel, symbole de lutte contre toutes les discriminations.

L’heure du match approche. La salle se remplit, les verres se vident, l’ambiance commence à monter. Les joueurs entrent, accompagnés par un jeune de chaque club du Val-de-Marne. Car le derby est aussi la fête du 94 à l’approche de Noël. Preuve supplémentaire de l’importance de cette rencontre pour la ville, le maire Laurent Cathala est présent dans une tribune officielle pleine à craquer. Les « ICI C’EST… CRÉTEIL ! », vociférés par le speaker, sont repris en chœur par le public. La rencontre peut démarrer.

Des matchs dans le match

L’envie qui coule des tribunes déborde sur le terrain. Un peu trop même. Dès la première minute, un joueur de Créteil est exclu temporairement pour une défense trop agressive. La petite centaine de voisins ivryens hurlent quand leur équipe inscrit les deux premiers buts. Il faut attendre la quatrième minute pour que Créteil marque enfin, dans une explosion de joie du public. Les tambours des Hand’ragés, le groupe des supporters de Créteil, rythment les encouragements. La partie est serrée. Les esprits s’échauffent sur le terrain. Deux joueurs se toisent après un accrochage un peu rude. Jules travaille chez un des partenaires du club. Assis sur l’un des rares sièges rembourrés, il commente : «C’est le match de la fierté locale. Ça va être chaud, les joueurs ont la rage».

Nicolas, lui, suit sereinement la rencontre. Ce qui l’intéresse, c’est plutôt la mi-temps. Tandis que certains courent vers la buvette, une dizaine de jeunes filles en tenue pailletée entrent sur le terrain. Il sort immédiatement son téléphone pour filmer. C’est le club de gymnastique acrobatique de Créteil qui assure un show époustouflant, avec des voltiges à plusieurs mètres du sol sur l’air endiablé d’I Will survive. Sa fille fait partie de l’équipe. « Elles sont déjà championnes de France, mais de pouvoir faire leur spectacle devant une salle remplie, c’est super chouette », sourit-il fièrement. A la fin du show, le speaker annonce leur qualification aux championnats d’Europe. Le public applaudit, admiratif, et Nicolas peut partager sa vidéo à toute la famille tandis que le match reprend.

« De l’âme dans tout ce qu’ils font »

L’une des particularités du club de Créteil, c’est sa proximité avec le public. Christelle et Xavier se sont abonnés pour ça. « Ça n’est pas à sens unique. Quand on les encourage, ils vont nous faire un signe. À la fin du match, ils nous remercient », explique-t-elle. Même si elle reconnaît en rigolant : « C’est aussi un défouloir pour nous de supporter pendant les matchs ! » Surtout pour Xavier. Avec son maillot spécial 60 ans du club, il est possédé. À chaque but, il célèbre en hurlant, le poing rageur, à un mètre de l’entraîneur d’Ivry. « Gagner le derby, c’est être le fanion de la région. On est chez nous ! » harangue-t-il. Plus calmement, il explique son attachement : « Il y a une vraie proximité avec les joueurs, et de l’âme dans tout ce qu’ils font. Chaque semaine, il y a un engagement pour une association. » Les tribunes vibrent au rythme des applaudissements, même s’il est moins emballant qu’en début de rencontre. Le score enfle pour Créteil, la victoire se rapproche. Pour les trente dernières secondes, la salle se lève pour acclamer son équipe, devenue, pour un temps, maître du 94.

Mais à Créteil, il n’y a pas que le sport. Dès le coup de sifflet final, des projectiles tombent des tribunes pour atterrir sur le terrain. Une agression ? Bien sûr que non. Il pleut des peluches, que ramasse l’association Solidaritess, pour le Noël des enfants qui n’en ont pas, avec l’inévitable Mariah Carey en fond sonore. Christelle lance son Simba, soulagée du poids de son énorme peluche et par la victoire. «C’est génial d’avoir gagné. Mais ces matchs, ce n’est pas bon pour mon cœur.» La fête est totale, car tous les licenciés du club de handball de Créteil sont invités sur le terrain pour prendre une photo de famille géante où staff, direction, enfants, joueurs et bénévoles se mélangent dans un joyeux bazar.

Valentin Aman est le capitaine de l’équipe, et l’emblème de cet esprit guerrier. Dans le hall du palais des sports, il discute en toute simplicité avec des supporters après la fin du match. Rester accessible est un devoir selon lui : « On représente la jeunesse de la ville, et on doit garder cette proximité avec les supporters. Il y a un vrai engouement qui nous aide, surtout un soir de derby où il faut monter l’intensité physique. » Sur l’engagement du club sur des causes extra sportives, il abonde : « C’est très bien qu’on utilise notre visibilité. C’est important pour la ville qu’on s’engage, comme les actions qu’on a faites avec la Croix-Rouge. Et même pour nous, c’est bénéfique, ça nous fait sortir de notre routine handball. Il y a quelques semaines, on est allés faire une maraude auprès de SDF. Quand tu fais ça, derrière, tu gardes les pieds sur terre. » Ce soir, les joueurs ont gagné le droit d’avoir un peu la tête dans les nuages.

Emeric Bravard