Ce dimanche, il y avait un avant-goût de Noël dans ce gymnase de Bobigny. Les habitants, conviés à l’initiative de la ville, sont venus chercher quelques derniers cadeaux à petit prix. L’occasion aussi de rencontrer le père Noël.

« Petit Papa Noël/ Quand tu descendras du ciel.. ». Les notes de la chanson de Tino Rossi résonnent dans le grand gymnase Henri Wallon de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le père Noël en personne est là avec son costume rouge et blanc. Il déambule entouré des quelques enfants. Au bout de son bras, un panier rempli de bonbons, qu’il distribue au fur et à mesure de sa promenade.
A l’origine de l’initiative, la mairie. Mais c’est l’association Café Balbynien qui chapeaute le tout. C’est la troisième année consécutive, la première dans ce gymnase. «Le Café Balbynien a mobilisé des exposants. La plupart sont des habitants de la ville, des habitués des brocantes», explique Kamel Moussouni, gestionnaire des locaux associatifs de Bobigny. Sur le terrain, ni basketteurs ni joueurs de foot en salle. Mais des habitants de la ville. A l’approche des fêtes, certains viennent acheter des jouets à petits prix quand d’autres sont ici pour les vendre et ainsi glaner quelques euros. Ils se retrouvent en ce beau dimanche de décembre de part et d’autre de grandes tables en plastique. Noël oblige, elles sont recouvertes d’une nappe rouge… et de jouets. On y trouve peluches, jeux de société, jeux d’éveil, puzzles, livres…
«Je vais à Emmaüs ou à Action sinon c’est trop cher»
«J’ai trois enfants donc il faut multiplier les jouets par trois, ça revient cher», se désole Fatima, mère au foyer. Les cadeaux de Noël, «c’est soit chez Action soit ici, ajoute-t-elle. L’idée est de faire plaisir aux enfants à moindre coût. C’est le budget alimentaire qui prime.» Le petit dernier a fait son choix : deux sachets remplis de petites voitures. La maman repart plus lourde de deux sacs cabas remplis de jouets. «Ils sont en train de me ruiner», s’amuse-t-elle.
Célia aussi a été attirée par la promesse des petits prix. Et elle n’est pas venue seule. Sa fille, âgée de bientôt un an et demi, se trouve dans une poussette, tétine à la bouche. La maman fait le tour, passe de table en table. Elle regarde attentivement les jouets et fait attention à bien tourner le landau pour ne pas que sa fille ne découvre un futur cadeau. Au-delà des petits prix, c’est également la seconde main qu’elle vient chercher. «Les enfants ne vont pas utiliser leurs jouets toute leur vie, appuie-t-elle. J’achète beaucoup sur Vinted par exemple. Je n’achète rien de neuf, je préfère réutiliser. La dame propose ce qu’il y a dans les magasins et en très bon état.»
Si la majorité des habitants qui se déplacent sont des mères de famille, il y a aussi Youcef, le gardien du gymnase, venu avec sa fille. Pendant que Nesrine, 5 ans, vagabonde et s’émerveille devant des livres, il confie : «Je travaille pour la ville et tous les ans, pour Noël, on nous donne des chèques cadeaux. Je vais aussi à Emmaüs ou à Action, sinon c’est trop cher. Avec trois enfants, je ne peux pas aller dans les magasins.» Et même ici, le gardien se restreint. Face aux livres que sa fille tente de prendre, il explique gentiment mais fermement : «Non, on ne va en prendre qu’un.» Il compte ses pièces jaunes et verse 1€ dans la main de la vendeuse.
Vendre des vieux jouets pour arrondir les fins de mois
De l’autre côté des tables, chaque pièce compte aussi. Jocelyne, 76 ans, Balbynienne depuis toujours, est venue vendre quelques babioles de ses petits-enfants. Pour elle, c’est l’occasion «d’arrondir les fins de mois, dit-elle avec honnêteté. Avec ma petite retraite, il faut bien.» Pour l’instant, le butin s’élève à 7€.
Juste à côté de son stand, se trouve Leïla qui ne tient pas en place. Elle discute avec tout le monde et rigole surtout. Un rire qui fait écho dans l’ensemble du gymnase. Employée dans un centre pour adultes porteurs d’un handicap, elle aime s’occuper des autres. Alors, quand certains enfants jouent avec les voitures qu’elle vend, elle leur en fait cadeau. «Ils jouaient là sur la table, détaille-t-elle. Leur maman disait « ne touchez pas ». Je leur ai donné… Ce ne sont que des voitures.»
Sur le stand de Sophie, au fond du gymnase, on retrouve plutôt des livres pour enfants et d’autres jouets. La gestionnaire commerciale est une habituée des brocantes, mais c’est sa première fois dans le cadre de la bourse aux jouets. Elle vend aussi sur Le Bon Coin «plus cher», reconnaît-elle. Et elle non plus n’est pas venue seule : sa belle-mère l’accompagne. «J’ai plein de jouets de mon fils», explique-t-elle. A elles deux, elles remplissent deux grandes tables de jouets. Elles sont mêmes obligées d’en mettre par terre. Sophie reconnaît que son fils est gâté «et ça prend de la place», dit-elle avec un sourire gêné. L’objectif est donc de vider la maison. Pour cela, elle casse les prix : «Je sais que les gens ont moins de budget ici. Et puis ça fait plaisir de faire plaisir. Le but n’est pas de faire fortune.»
Au milieu des acheteurs, un homme vient saluer les Balbyniens. C’est Abdel Sadi, le maire. Il serre quelques mains et discute avec les exposants. Et avant de partir, il n’oublie pas sa photo avec le père Noël. On reste toujours de grands enfants.
Thomas CHEVALLIER