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À l’université de Créteil, les locaux se détériorent à petit feu – Grand Paris Popu

À l’université de Créteil, les locaux se détériorent à petit feu

Située au bout de la ligne 8 du métro, la faculté de Créteil compte 40 000 étudiants. Ceux du campus de Pyramides déplorent de mauvaises conditions de travail liées au délabrement des locaux.

Au fond d’un couloir au rez-de-chaussée du campus Pyramides de l’Upec, un étudiant révise son partiel. Crédit : Sarah Herrera

« Alors, ça s’est passé comment ? », demande un étudiant assis en tailleur appuyé contre une machine à café, une fiche bristol entre les mains. « Franchement, c’était galère », répond une jeune fille à lunettes, en jetant son brouillon à la poubelle. Romain et Cassi sont en première année de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l’Université Paris-Est Créteil (Upec). Ils étudient au campus de Créteil-Sénart, mais passent leurs partiels à celui de Créteil-Pyramides.

Dès leur arrivée dans le bâtiment décati, un élément les frappe : son aspect vétuste.  « Dans mon campus, les locaux sont neufs. Il y a des serviettes hygiéniques dans les toilettes. Ici, les toilettes sont petites, il y a des trous dans les murs », déplore Cassi d’une voix affirmée pour couvrir le brouhaha. Les deux étudiants rendent compte de leur examen assis par terre dans le hall, faute de foyer étudiant ou de canapés. 

Une insalubrité croissante

La verrière qui surplombe l’entrée pourrait laisser présager d’un lieu bien entretenu. Annexe de l’Upec, le campus de Pyramides date des années 1970. Elle se situe entre les locaux du conseil départemental du Val-de-Marne et le centre commercial Créteil-Soleil. Le tout à un quart d’heure de marche du moderne campus de droit. Mais dans cet établissement au pied du métro Créteil-L’Echat, les problèmes d’insalubrité vont croissant depuis des années : infiltration, humidité, problèmes de chauffage avec des températures négatives en hiver dans certains bâtiments. Dans le couloir au rez-de-chaussée, un bout de faux plafond décollé laisse entrevoir la tuyauterie. De la moisissure jonche les murs, fruit de l’humidité et des fortes pluies infiltrées dans le bâtiment. « Il y a des étudiants qui ont des allergies à la moisissure ou des problèmes de bronches. C’est anxiogène pour eux », déplore Olwen, étudiante de 25 ans en master 2 d’expertise ingénierie de projets internationaux. 

Vêtue d’un keffieh, elle revient du Franprix à cinq minutes à pied, un sandwich et un paquet de gâteaux entre les mains. Elle s’apprête à prendre l’ascenseur pour déjeuner dans une salle de classe. « Dans notre bâtiment, on n’a pas de Crous. Soit on marche jusqu’au campus droit à 15 minutes à pied, soit on dépense 10 euros au Franprix, sans se faire plaisir », regrette-t-elle. « Quand on a qu’une heure de pause, on arrive souvent en retard en cours l’après-midi, mais on n’a pas d’autre solution. Heureusement, les profs sont indulgents. »

Au cinquième étage de la fac, un faux plafond décollé dévoile la tuyauterie.
Crédit : Sarah Herrera

Une dizaine d’élèves sont déjà en train de déjeuner dans la pièce mal aérée. Un jeune homme aux joues rubicondes retire son pull. « Il fait super chaud ici, il n’y a même pas de fenêtres pour aérer », se plaint Clément, étudiant en master de sciences sociales. « Il n’y a pas d’espaces verts, les couleurs sont ternes, ça joue sur le moral des étudiants. » A la table d’en face, sa camarade Mariama nuance : « En vrai, les salles c’est pas si mal. Il y a deux ans, il n’y avait même pas de chauffage. » Et Olwen de rétorquer dans un éclat de rire : « Dans ce cas-là, on est reconnaissants pour des chaises, en fait. »

« Un pansement sur une hémorragie » 

Ces plaintes, les étudiants les font pourtant remonter à la présidence depuis des années. Alice de Brito, présidente de l’Unef-Upec rapporte les différentes actions menées en vue d’obtenir des avancées : « Nous avons envoyé des lettres ouvertes aux ministères, fait venir des députés, et organisé un rassemblement devant le rectorat. »  Les comptes-rendus du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) dénoncent aussi l’insalubrité depuis des décennies.

Fin 2022, la Cour des comptes mettait en lumière la dégradation matérielle de nombreuses universités françaises. Elle relevait déjà que « 80 % du patrimoine » de l’Upec était « vétuste ». Mais pour Alice de Brito, la présidence feint de ne pas trouver de solutions. « Ils nous ont dit qu’ils manquaient de fonds, que le ministère ne donnait pas assez d’argent. La fac loue les locaux à un prestataire, qui préfère payer une amende plutôt que de rénover », fustige-t-elle.

Contactée, la présidence de l’Upec explique avoir déjà mené des travaux l’an dernier. Pour Julien Aldhuy, vice-président Patrimoine, campus et développement durable de l’Upec, le problème réside surtout dans la situation de locataire dans laquelle se trouve l’Upec : « Une partie des travaux incombe au propriétaire. Il y a des travaux que l’on ne peut pas faire à cause d’une absence de prérogatives et d’autorisations ». En ce qui concerne le chauffage, il estime que les travaux ont été menés à bien et que le corps étudiant et enseignant est satisfait. « Nous avons des relevés de température dans le bâtiment qui sont aux normes », souligne-t-il. Quant aux problèmes d’infiltration, Julien Aldhuy les renvoie à l’ancienneté des terrasses, qui datent des années 70. « Tous les trois mois, nous faisons des analyses pour objectiver le fait qu’il n’y ait pas de moisissure. »  

Malgré les travaux, les étudiants en attendent davantage. « Il y a eu une évolution, mais l’université met des pansements sur une hémorragie. On aimerait trouver un accord pour rénover le bâtiment, ou avoir cours dans d’autres locaux », conclut Olwen. En attendant, l’Upec élabore un nouveau projet pour 2028 : construire un bâtiment à l’Échat et quitter définitivement le campus Pyramides, de manière à ne plus être dépendant du  propriétaire de ce bâtiment.

Sarah Herrera