Le Montreuillois a offert à son club de chessboxing un titre de champion du monde dans la catégorie des -57 kilos, trois mois après sa création. Avec l’athlète de 27 ans, ce sport hybride, qui alterne rounds de boxe et parties d’échecs, s’est ancré dans la ville.
Martin Monnot Prada enfile ses gants de boxe et enchaine quelques coups dans le vide avant de poser son échiquier sur la table. Il se trouve au Parc des Guilands, à côté du lieu des entrainements de son club de chessboxing qui reprendront en janvier. « Pendant 2 heures, on chauffe le corps et le cerveau avec des exercices, résume-t-il, les passants nous prennent pour des fous. » Le club ne dispose pas encore de gymnase, mais la situation pourrait bientôt changer selon lui : « Les discussions sont en cours avec la mairie pour trouver une salle couverte d’ici janvier. »
Originaire du bassin d’Arcachon, Martin Monnot Prada s’épanouit pleinement à Montreuil, sa ville d’adoption depuis cinq ans. Et la ville le lui rend bien. Depuis qu’il a été sacré champion du monde de chessboxing en octobre, elle lui ouvre les colonnes du journal municipal. Déjà mentionné brièvement dans un article du Montreuillois, il se verra consacrer un portrait en deuxième page le mois prochain. Il a également été invité à initier des collégiens à la boxe et aux échecs, ses deux passions.
Martin Monnot Prada pratique les échecs depuis l’enfance. Son père lui offre Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig à ses huit ans. Une décennie plus tard, il développe son goût pour la discipline grâce à un camarade du Celsa, une école de la Sorbonne qui forme à la communication et au journalisme, champion de Vendée d’échecs. « Je suis devenu accro aux vidéos d’échecs et on fait des sessions où il m’explique ses coups », confie-t-il. A côté, il y a Martin le boxeur. Il commence le sport de combat à 16 ans et s’entraine trois ans dans un club de boxe française. Ce n’est que bien plus tard qu’il croisera la route du chessboxing.
Jeu de hasard
Comme beaucoup, Martin Monnot Prada découvre le chessboxing par hasard. « La première fois qu’on a vu ce sport avec mes potes, on s’est dit que c’était débile », se rappelle-t-il en rigolant. Une initiation à Berlin en 2022 change son regard sur la discipline. C’est encore le hasard qui lui fait rencontrer Giulia Maréchal, cofondatrice du club de Montreuil dans le métro. « J’étais en train de jouer aux échecs sur mon portable et elle m’a demandé si je pratiquais aussi la boxe », se remémore-t-il amusé.
Tout s’accélère ensuite. Il s’entraine avec Vincent Huber, le fondateur, et représente le petit club de Montreuil et ses cinq adhérents, tel un Léonidas qui mène ses 300 Spartiates à la victoire. Le Montreuillois s’envole pour l’Arménie en octobre et contre toute attente, décroche le titre de champion du monde. « J’ai surtout fait ça pour l’anecdote », dit-il modestement en sortant de son sac une médaille et un diplôme encadré à son nom. Une anecdote qui lui aura tout de même coûté 6 kilos en l’espace de deux mois afin de combattre dans la catégorie inférieure, moins disputée. Pour l’heure, le champion en titre ne peut pas vivre de ce sport atypique. Il est professeur d’anglais, auteur de courts-métrages et membre d’une troupe de théâtre.
Le centaure de la boxe et des échecs
Le Montreuillois de 27 ans fait aujourd’hui partie des 200 adhérents français de chessboxing : «Le chessboxing rend la boxe légère et les échecs fun. Ce n’est pas que pour les nerds et les bourrins», résume-t-il. Pour lui, les deux disciplines vont de pair. La pression est intense et chaque duel exige une stratégie adaptée. Le chessboxing représente un équilibre entre exigences physiques et intellectuelles : «J’ai conscience de mes limites dans chaque domaine et le chessboxing me permet de les contrebalancer», affirme-t-il.
Le club de chessboxing de Montreuil multiplie les initiatives pour donner de la visibilité au sport : partenariat avec les clubs d’échecs et de boxe de Montreuil, organisation de combats sur la place de la Croix de Chavaux et surtout, la recherche d’un rayonnement à l’International. « On prévoit des combats avec le club de Berlin », déclare le champion Martin Monnot Prada. En 2025, le championnat du monde aura lieu en France. Et le jeune Montreuillois compte bien y défendre son titre.
Louise Carn