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Fred Ibo, au service du taekwondo clichois – Grand Paris Popu

Fred Ibo, au service du taekwondo clichois

Natif de la ville, Fred Ibo est une figure de l’Académie clichoise de taekwondo. Athlète et entraîneur depuis trente ans, son engagement n’est pas prêt de prendre fin.

Fred Ibo, 48 ans, taekwondoïste et directeur de l’Académie clichoise de taekwondo. Crédit : Maé Brault

Lundi soir, presque 19 heures. C’est le début de semaine et les enfants accourent pour se défouler au gymnase Van Gogh, situé près des quais de Clichy. Le petit groupe âgé de 11 à 14 ans commence à s’échauffer. «Hé», «hé», «hé» résonnent dans cette salle devenue dojang (salle d’entraînement en coréen) pour la soirée. Les ados frappent à tour de rôle le pao, un coussin de frappe. Fred Ibo, bras croisés, les observe depuis l’encadrement de la porte.

«Je suis né à Clichy, je travaille à Clichy, je vis à Clichy.» Les présentations sont faites : Fred Ibo se présente comme un Clichois «pure souche». Depuis trente ans, il a la double casquette d’athlète et d’entraîneur, mais toujours dans sa ville natale. D’abord à l’Ecole française de taekwondo (EFT), puis à l’Académie de Clichy qu’il reprend en 1987. Il a aujourd’hui 48 ans et ne se voit pas faire autre chose de sa vie.

«Lien de sergent et pas de général»

Elevé par sa mère, Fred est initié par son instituteur au taekwondo dès l’âge de dix ans : «Au lieu de faire de la balle au prisonnier, on faisait des initiations au taekwondo et c’est comme ça que je suis tombé amoureux», se rappelle-t-il. Pour lui, l’art martial est plus qu’un sport. Il lui a appris la rigueur : «C’est un mode de vie. Ce que tu vas acquérir aujourd’hui va faire ce que tu seras dans ta vie», philosophe-t-il. Aujourd’hui directeur d’un centre de loisirs de Clichy, la transmission est au cœur de sa vie. Son premier professeur de taekwondo, Monsieur Lipeka, avait une pédagogie particulière. «Il mélangeait l’humour au traditionnel et le traditionnel à l’humour, se souvient-il. En fait, il donnait des cours funs. C’est pour ça que j’ai voulu devenir entraîneur.»

A son tour, Fred est devenu un modèle. «Il était toujours présent pour me soutenir, même les dimanches», se remémore avec fierté Omar Hammadi, «la première création» de Fred, son premier champion. «Il m’a construit dans le taekwondo, mais aussi dans la vie», continue le trentenaire. L’émotion est partagée. Fred est parvenu à créer un lien spécial avec chacun de ses athlètes. «Je préfère être entraîneur qu’athlète, avoue-t-il. C’est un travail de longue haleine et je trouve ça plus gratifiant d’arriver à quelque chose avec quelqu’un qui n’est pas toi.»

Son secret ? Créer «un lien de sergent et pas de général, ironise Fred. Le général donne les ordres alors que le sergent est celui qui est avec ses soldats et qui les accompagne sur le front.» Son palmarès, son engagement sans faille et sa bienveillance lui ont facilement donné la légitimité nécessaire pour être président du club. «Il a marqué les générations et on aura toujours besoin de lui», achève Omar. Après plusieurs années à porter les couleurs de la France, le taekwondoïste est revenu aux racines de son club clichois. Inspiré par Fred, il veut en retour transmettre aux nouvelles générations ce qu’il a reçu de son entraîneur.

Fred est l’une de ses personnalités qui marquent la vie des personnes qui le rencontrent. Linda est l’entraîneuse du cours de ce lundi soir. De huit ans sa cadette, elle l’a rencontré lors des Championnats de France. «On ne sait plus la date mais on se connaît depuis longtemps», rient-ils en cœur. Leur complicité saute aux yeux. «Quand j’ai rencontré Fred, ça a directement matché, confie l’ancienne athlète. On s’est tout de suite compris.» En partant rejoindre ses élèves qui l’attendent, Fred lâche avec le sourire : «On aurait même presque pu se marier».

Clichy change mais Fred y reste

Malgré les changements à grande vitesse de la ville, Fred reste profondément attaché à Clichy. «C’est une belle ville. J’y ai mes habitudes, c’est mon fief», affirme-t-il. Mais la gentrification de la ville, à laquelle il assiste, le rend sceptique. «C’est à double tranchant. Aujourd’hui, Clichy évolue mais perd ses habitants.» Depuis plusieurs années, l’entraîneur constate : «Je vois de plus en plus de Pierre-Emmanuel que de Mohammed.» S’il trouve cela positif, le Clichois natif reconnaît que l’identité de la ville se perd. «On crée une nouvelle ville. C’est plus propre, plus sécuritaire, plus convivial. Mais avant, Clichy était une commune où les gens avaient un besoin social de s’épanouir, par le sport par exemple.»

Résister et insuffler un nouveau souffle dans le club, telles sont les ambitions de l’ancien athlète qui n’a rien perdu de sa détermination. Ce n’est pas sans raison que le phœnix est l’emblème de son club. «On renaît de ses cendres avec le taekwondo», conclut Fred en riant.

Maé Brault