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Julien de Saint Jores : mission transmission – Grand Paris Popu

Julien de Saint Jores : mission transmission

Depuis 2021, Julien de Saint Jores est directeur général de l’association “Suivez la flèche”, destinée à reconstruire la flèche de la basilique de Saint-Denis. Cet athée convaincu s’est donné pour mission la valorisation du patrimoine dionysien, par passion.

Julien de Saint Jores devant la basilique de Saint-Denis, le 18 décembre 2024. Crédit : Thomas Ladonne

Julien de Saint Jores maîtrise ses dossiers. Surtout son Histoire. A peine la conversation commencée, il avait déjà mentionné trois dates, de tête. Dont 1151, année de la mort de l’Abbé Suger, ecclésiastique majeur de Saint-Denis, et, entre autres, inventeur de l’art gothique, dont la basilique de Saint-Denis emblématique.

Bâtie entre 1130 et 1144, elle est un monument emblématique de la ville. Pourtant, cet édifice est atypique : il lui manque sa tour gauche. Elle a été démontée en 1837 après que la foudre a frappé sa flèche, fragilisant sérieusement tout le bâtiment. En 2016, une association se crée pour reconstruire cette tour et cette flèche : Suivez la flèche. Depuis 2021, c’est Julien de Saint Jores qui en est le directeur général. Un pas de côté pour cet homme de 47 ans, passionné de culture (et de bien d’autres choses), qui cherche toujours à transmettre ses passions dans sa vie professionnelle.

«Je suis profondément athée, depuis toujours»

Aujourd’hui, Julien de Saint Jores est «en disposition». C’est-à-dire qu’il a pris congé de ses fonctions d’agent territorial pour un temps, afin de mener à bien la reconstruction de la flèche. Avant, il était directeur adjoint de la culture, du patrimoine, du sport et des loisirs au conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.

C’est le maire (PS) de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, devenu président de l’association suite à son élection en 2020, qui le contacte. «Disons que j’ai hésité pendant 30 minutes, le temps de l’appel. C’était une bonne opportunité pour moi qui suis un généraliste de la culture. J’avais besoin de me spécialiser dans quelque chose, pour un temps», se remémore ce fils de boulanger en se grattant la barbe de trois – voire cinq – jours qu’il porte.

Une spécialisation dans le patrimoine devenue passion. Julien de Saint Jores a donc creusé de fond en comble toute l’histoire de la basilique. Mais dans quelle perspective ? Religieuse ? «Je suis profondément athée, depuis toujours. En revanche,  je ne suis pas un militant de l’athéisme. J’ai un profond respect pour toutes les religions», s’exclame ce «sympathisant socialiste, plus centre-gauche maintenant», en levant les mains vers le ciel, comme un symbole.

La fonction publique dans la peau

Mais ce qu’il préfère, c’est l’Histoire. Dès que le sujet revient sur la basilique, il se lève, fait de grands gestes pour expliquer comment Napoléon III a préféré construire un caveau lui étant dédié plutôt que de rénover la flèche. Il se rend compte de son emballement après sept minutes d’exposé, et se confie en se rasseyant. Un sourire presque gêné au coin des lèvres : «Je suis comme ça… Je me laisse emporter par ce qui me passionne. Ma volonté, c’est de transmettre au maximum tout ce que j’étudie et apprends. Alors je cherche en continu des cadres professionnels dans lesquels je peux le faire.»

Pour lui, ça a été la fonction publique. Pendant 10 ans, de 2006 à 2016, Julien de Saint Jores était contractuel. «Au bout de 20 ans, je me suis dit qu’il fallait peut-être passer le cap. Alors je l’ai fait savoir et on m’a donné un CDI. Aujourd’hui, je suis agent de la fonction publique, sans avoir passé de concours», explique-t-il avec son regard un poil fier.

Son histoire avec la fonction publique commence en 2002. A l’époque, il est assistant d’édition et attaché de presse dans différentes maisons d’édition (Flammarion, Seuil, Grasset). Un de ses amis parti en Volontariat International en Administration (VIA) lui souffle qu’il arrive au terme de son contrat et qu’il devrait prendre sa place. «J’en avais marre de bosser pour des romans qui étaient plus nuls les uns que les autres. Je suis alors parti en Egypte et je me suis éclaté à faire la programmation du Bureau du livre de l’ambassade, raconte-t-il, un grand sourire aux lèvres. Cette expérience a changé ma vie.»

Une question de mémoires

Depuis, Julien de Saint Jores, aime «être au service des gens», affirme-t-il. «Je suis très bavard, ce qui peut être un défaut. Mais je le tourne au maximum en qualité, en transmettant, sans arrêt», blague-t-il tout en étant sérieux au fond. Il poursuit : «J’ai une mémoire phénoménale donc ça aide pour transmettre. Hier soir au pot de Noël du club d’échecs [de Saint-Denis, duquel il est vice-président ndlr], j’ai sorti le plus long palindrome latin que j’avais lu dans un livre il y a très longtemps.»

Père de deux filles de neuf et douze ans, Julien de Saint Jores se dit attentionné. «En dehors du travail, je m’occupe surtout de mes filles. Je leur apprends à jouer aux échecs en ce moment. Et je leur lis beaucoup de livres, depuis qu’elles sont nées», raconte-t-il, en s’adoucissant.

Pour lui, l’éducation est la clé pour résoudre «les tensions liées aux difficultés du vivre-ensemble». Rénover une église dans une ville où cohabitent 140 nationalités différentes et une large diversité religieuse n’est pas simple. L’idéal de Julien de Saint Jores est que la reconstruction de la flèche, en plus de véhiculer la mémoire de l’Histoire, permette de «fédérer les populations. C’est l’occasion pour les habitants de Saint-Denis de s’approprier un patrimoine qui leur appartient». Et il entend bien les y aider.

Thomas Ladonne