À 79 ans, Claudie Gillot Dumoutier ne lâche rien pour la ville de Saint-Denis. Cette psychologue scolaire de formation, ancienne maire adjointe, est une figure de l’engagement citoyen dionysien. Un militantisme qu’elle puise dans son histoire familiale.
«Je suis débordée, c’est là qu’on voit la plus-value des retraités». Accoudée sur le fauteuil d’un bar, Claudie Gillot Dumoutier déborde d’énergie malgré ses 79 ans. Elle fait déplacer les tasses pleines de café pour trouver un espace plus confortable. «J’aime bien avoir de la place.» Cette énergie, elle l’a mise depuis longtemps au service de Saint-Denis. Car Claudie Gillot Dumoutier, c’est la doyenne militante de la ville. La préfecture du 93, elle l’aime, tout comme son père avant elle, maire communiste de Saint-Denis pendant 30 ans. Son combat aujourd’hui : stopper la fusion entre sa ville et Pierrefitte.
En avril 2023, les maires des deux communes annoncent leur mariage. «Une honte», s’exclame la Dionysienne de naissance. «Monsieur Hanotin, ce mec de droite [il est au parti socialiste, ndlr] a seulement des ambitions personnelles. Il n’a pas demandé l’avis des habitants», s’emporte-t-elle. Elle monte alors au créneau avec une ligne directrice bien à elle : «Ensemble on sera plus fort.» Et elle en trouve, des habitants concernés. Avec des habitants, elle crée l’association Stop fusion Saint-Denis et Pierrefitte dont elle prend la vice-présidence. Elle organise des votes à la façon d’un référendum devant les écoles, les magasins et lors d’évènements pour que les gens puissent s’exprimer. Résultat, 2500 votes et 94% de voix contre.
Un dévouement pour Saint-Denis
Claudie Gillot Dumoutier ne fait pas seulement dans l’associatif. Elle a participé activement à la vie politique de Saint-Denis. Maire adjointe de 1995 à 2008, conseillère générale de 1998 à 2004, elle passe son premier mandat à la tête de la délégation sur la santé et le handicap. Elle s’y bat pour une meilleure prise en compte de l’autisme, notamment des enfants en décrochage scolaire et mal accompagnés. Pendant son mandat, la ville décide de diminuer le budget alloué au handicap. C’est non, pour Claudie Gillot Dumoutier : «J’ai dit au maire, si tu me retires l’argent, je me retire de la municipalité.» L’argent est resté et elle aussi.
Bien qu’elle soit profondément investie, l’élue a su laisser la place, à 63 ans. «Je suis contre le cumul des mandats. Ça faisait treize ans que j’étais là, il fallait bien que je parte», s’amuse-t-elle. Pour autant, elle n’oublie pas son engagement : «Jusqu’à la fin de mes jours, je donnerai la parole à ceux qui ne l’ont pas.» Passer une retraite tranquille ? Pas pour elle ! «Je suis une optimiste qui agit, sinon je serais en train de me lamenter», s’exclame-t-elle le sourire aux lèvres. Elle multiplie les combats pour sa ville : création d’un collectif d’habitants pour enterrer l’autoroute A1 et diminuer la pollution, combat contre les lignes de bus déviées, ou encore création d’un collectif pour se battre contre le prix trop élevé de l’eau.
Un militantisme hérité de sa famille
Ce militantisme ne lui vient pas de nulle part. Le nom «Gillot» est associé depuis très longtemps à la politique à Saint-Denis. Son père a été maire de la ville de 1944 à 1971. «Mes deux parents étaient communistes», précise-t-elle. Elle fait ses premiers pas dans l’engagement citoyen, dans le sillon de son père, en rejoignant l’association des parents d’élèves de l’établissement de son fils en 1972. À l’origine communiste, elle quitte le parti pour rejoindre la France Insoumise en 2012.
Justice sociale, dignité, solidarité, unité… Autant de valeurs que Claudie Gillot Dumoutier soutient et qu’elle compte défendre aux prochaines élections municipales. Elle ne dit pas son dernier mot : «Je veux figurer en dernière position sur la liste, comme un symbole», conclut-elle.
Marine Hamelin