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La vie en sursis des habitants du Bathyscaphe – Grand Paris Popu

La vie en sursis des habitants du Bathyscaphe

Menacés d’expulsion depuis des mois, les habitants d’un squat d’Aubervilliers vivent dans l’incertitude. Le 6 décembre, un incendie a endommagé une aile de l’ancien entrepôt industriel, accentuant sa vétusté. Depuis, la trêve hivernale ne suffit plus à les protéger.

Zeynab habitante du squat @Clément Schott

Au 9-13 rue de la Nouvelle France, à Aubervilliers, une cinquantaine de personnes vivent dans un entrepôt industriel désaffecté. Seule indication que le lieu est un squat, le tag sur la boîte aux lettres à l’entrée : « Bathyment π raté ». Beaucoup des habitants vivent en famille et ont connu auparavant le même parcours au sein du système de relogement, enchaînant les logements précaires. Ce squat apparait dès lors presque comme une situation de stabilité.

Devant le bâtiment, les habitants alimentent un feu. Une femme se sert un café, tandis que d’autres coupent des palettes de bois qui nourrissent le brasier. Pas seulement convivial, ce feu est devenu l’un des rares moyens de se chauffer, après qu’EDF leur a coupé l’électricité. En cause, un incendie survenu dans la nuit du 6 décembre. Ce sinistre est également responsable de l’avis d’expulsion prononcé par la mairie malgré la trêve hivernale, la municipalité estimant le bâtiment trop dangereux. Depuis, les habitants sont plongés dans l’incertitude.

Pour les habitants, cette décision est injustifiée. C’est le cas de Fonfek, qui se réchauffe assise sur une chaise en bois. Pour elle qui partage une caravane avec son fils, la mairie n’a pas de raison de les expulser : « On a fait venir un architecte qui nous a assuré que les bâtiments n’étaient pas menacés ». Pour Julie, une habituée des lieux venue rendre visite aux habitants, la véritable raison derrière cette expulsion serait la volonté de détruire l’usine pour y construire une nouvelle résidence. « Ils veulent construire les mêmes immeubles que partout dans cette rue. ». À côté se trouve en effet le chantier d’un nouvel immeuble.

« Quand on a un problème, on s’en occupe entre nous »

Après deux ans d’existence, les squatteurs ont mis en place une organisation bien rodée. « On se repose beaucoup sur l’entraide, ceux qui peuvent traduire aident ceux qui ne parlent pas français, d’autres s’occupent des papiers administratifs », explique Zeynab, assise sur l’un des canapés blancs, au milieu du grand hall de l’usine. Elle vit ici avec sa famille depuis près d’un an et a toute suite été séduite par ce partage : « ça m’a tout de suite donné envie de m’investir pour le collectif, moi aussi je voulais trouver où aider ». Pour la jeune femme, cette organisation assure un lien fort entre les habitants dans les bons et les mauvais moments. C’est notamment le cas dans la gestion de certains conflits. «Quand on a un problème, on s’en occupe entre nous. On essaie de comprendre et si ça va trop loin on peut exclure la personne », confie-t-elle.

Les habitants se sont organisés en association pour payer l’électricité et créer des moments en communauté. Sur le mur à côté d’une chambre figure l’inscription « Lecture musicale vendredi ». Saoud, la cousine de Zeynab, explique : « C’est l’asso des habitants qui a écrit ça, ils organisent souvent des petits concerts ou des trucs pour les enfants ».

Les habitants profitent aussi de l’aide d’associations extérieures notamment depuis la coupure de courant. La pépinière, regroupement d’associations portant sur l’alimentaire, a monté plusieurs actions pour fournir au squat de la nourriture. Et l’association 10 kilomètres de câbles, spécialisée dans la fourniture d’électricité pour l’habitat précaire, travaille avec les habitants à la restauration de l’électricité.  

Une situation sans solution 

Le lieu est calme en journée, parce que les enfants sont à l’école et certains adultes au travail. Accoudé à l’entrée de la chambre qu’il occupe avec sa femme depuis deux mois, Mohamed fait partie de ceux qui ont un emploi. « Je travaille entre 15 et 20 jours par mois dans le bâtiment, mais c’est compliqué de trouver même en cherchant assez loin ». Comme beaucoup d’autres résidents, lui aussi est en attente d’un logement social.

@Clément Schott

Face à cette problématique du logement, les habitants craignent d’autant plus l’expulsion que la mairie ne leur propose que des solutions temporaires. Cette dernière met actuellement un simple gymnase à la disposition des habitants. Arrivé au squat il y a un mois, Adam s’exprime sur cette solution incertaine offerte par la mairie : « et après on va où ? ». Une question pour tous les squatteurs.

Faustine Longatte