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Nicolas Sene, l’interprète de Pablo-Picasso – Grand Paris Popu

Nicolas Sene, l’interprète de Pablo-Picasso

Nicolas est une pièce maîtresse du puzzle de Nanterre. Coordinateur de jeunesse et réalisateur, il compose selon ses règles. Inspiré par les 11-17 ans qu’il accompagne à l’espace jeunesse, le trentenaire tente de représenter son quartier loin des clichés.

Nicolas Sene devant une des tours Aillaud à Nanterre, Hauts-de-Seine. ©Marine Quéau

Le téléphone sonne. «Ouais Nico, je peux passer à l’espace jeunesse pour réviser ?» Niché aux pieds des «tours nuages», l’espace jeunesse est un repaire pour les 11-17 ans du quartier de Pablo Picasso à Nanterre (Hauts-de-Seine). Ce local leur est dédié afin de se retrouver et de profiter des projets initiés par Nicolas Sene, le coordinateur de jeunesse et ses collègues. Vêtu d’une chapka et d’un long manteau noir, le trentenaire vit à Pablo-Picasso depuis l’enfance. Avant d’être coordinateur, il était à la place des jeunes. «La dernière fois, je les ai trouvés à quatre ou cinq à écrire sur le tableau de mon bureau. Je ne peux pas les engueuler, ça veut dire qu’ils se sentent en sécurité ici», rigole Nicolas. Sur son bureau trône une figurine d’Al Pacino et le disque de platine du rappeur Ven1. Ce nouveau talent, révélé en mars 2024, fait partis des jeunes qui sont passés ici. En souvenir il y a laissé son disque, un symbole de réussite pour le quartier. «Les jeunes m’inspirent au quotidien, j’essaye de leur rendre la pareille. Certains ont même participé à mon documentaire Les Picasso».

La double casquette comme moteur d’inspiration

Avant de revêtir la casquette d’animateur, Nicolas porte celle de photographe et réalisateur. Plus jeune, il était «celui qui filmait tout». Cette lubie a mené ce cinéaste autodidacte à Cannes, après avoir réalisé un court-métrage sur Bilel Jkitou, son ami boxeur. Peu de temps après, il devient lauréat de France Télévisions pour la première édition de «Filme ton quartier». Un concours qui vise à inciter les jeunes talents de France à accéder au monde de l’audiovisuel. «Moi qui voulais faire des films et de la photo depuis petit, j’en avais plein les yeux».

À cette époque, il devient animateur mais continue à réaliser ses projets en parallèle. Dans l’espace jeunesse, quelques-unes de ses photos sont accrochées aux murs. «Elle est mythique celle-là» montre-t-il. Au premier plan, deux jeunes posent sur leurs vélos, souriants, devant un troupeau de moutons. En arrière-plan, les imposantes tours de Pablo-Picasso apportent la touche paradoxale que Nicolas cherche dans toutes ses créations. Cette photographie lui a valu le prix du concours Cliché contre cliché organisé par le ministère de la Ville. «J’aime bien pouvoir montrer mon quartier par un biais artistique, loin des clichés dépeints par les médias».

« Ils crieraient au génie si c’était Xavier Dolan »

Pourtant, difficile de faire valoir son travail. Son projet documentaire Les Picasso qui brosse le portrait de cinq jeunes de la cité du même nom, est en stand-by. L’idée de Nicolas est d’associer leurs témoignages aux œuvres du peintre espagnol. Un film trop optimiste et pas assez commercial pour les médias, selon Nicolas. «Ils ne sont pas prêts à financer un film qui parle de la banlieue sans les clichés qui vont avec». Le trentenaire reçoit pourtant une multitude de messages de soutien : «Les gens me disent qu’ils veulent voir ce genre de film. S’ils le diffusaient, toutes les banlieues de France donneraient de la force». Il esquisse un sourire taquin. «Ils crieraient au génie si c’était Xavier Dolan. Mais bon, chez nous, ça prend plus de temps», dit-il.

Nicolas Sene devant l’espace jeunesse Pablo-Picasso, Nanterre, Hauts-de-Seine. © Marine Quéau

Nicolas quitte le local le temps de la séance photo pour IPJ News. Dans la rue principale, un jeune le salue. «J’ai emmené le frère du jeune qui vient de passer pour la première fois au Parc des Princes, lors d’une sortie. Je me rappelle de ses étoiles dans les yeux… C’est ce qui me fait le plus chaud au cœur». Les mains enfoncées dans son grand manteau, Nicolas remonte la rue. «Une chose est sûre, je suis un indéboulonnable de Pablo Picasso».

Marine Quéau