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Lamyne M, artiste plasticien dionysien de cœur – Grand Paris Popu

Lamyne M, artiste plasticien dionysien de cœur

Lamyne M, 47 ans, est couturier, sculpteur et performeur. Né au Cameroun et grand voyageur, il s’est installé à Saint-Denis il y a 20 ans, une ville qu’il chérit.

L’artiste plasticien Lamyne M dans son atelier de la rue Riant (Crédit photo : Margo Bierry)

Dans son atelier de la rue Riant, à Saint-Denis, les souvenirs des Jeux de Paris s’entassent. Une casquette vintage vissée sur la tête et le col de sa veste remonté, Lamyne M, artiste plasticien de 47 ans, observe ses trouvailles tendrement. Sa collection grandit petit à petit. Son objectif : créer des œuvres d’art à partir des objets qui ont décoré Paris 2024. Guirlandes en tissu, toiles de différentes tailles et panneaux décoratifs attendent d’être transformés. En cours de création, une bâche sera réinventée en tapis tressé, des chutes de tissu cousues en robes de quatre mètres de hauteur et des peintures orneront les panneaux. 

Il prévoit d’exposer ses œuvres cet été, dans un nouvel espace dédié à l’art contemporain, la villa Dionysos. Son but n’est pas de prêter un énième hommage aux JO, mais de recycler ces objets publicitaires. «Je suis un artiste du reste, proclame-t-il fièrement. Pour moi c’est une évidence d’avoir des idées artistiques écologiques.» Bien qu’il ait nommé son chien «Olympic Games», Lamyne M n’est pas un grand fan du sport. Dans cette exposition, il souhaite aussi dénoncer la corruption, notamment dans le football. Il fabriquera ainsi un ballon en pièces de monnaies. «Ça, la mairie n’est pas encore au courant», avoue-t-il malicieusement. 

Des débuts artistiques hasardeux 

Pourtant, ses envies de création relèvent du heureux hasard. Grand habitué de l’école buissonnière dans son Cameroun natal, Lamyne M s’initie à l’art de manière fortuite. Enfant, il découvre un atelier abandonné dans la campagne, rempli d’outils poussiéreux. Il préfère y passer son temps à tailler des pierres que sur les bancs de l’école. 

La suite de son apprentissage artistique se fait dans un salon de couture. Une nouvelle fois par hasard. «Je traînais devant sa boutique et le couturier en a eu marre de me voir ne rien faire.» Il lui apprend ainsi quelques points, puis lui assigne la tâche des rideaux. «Mon premier client, c’était le préfet de la ville. J’ai fait n’importe quoi, rien n’était droit. Quand je suis allé les installer chez lui, je lui ai fait croire que c’était fait exprès et que c’était la nouvelle mode en Europe. Il a adoré. C’est là que j’ai compris mon potentiel», se remémore-t-il le sourire aux lèvres. 

D’autant plus que Lamyne M est un vadrouilleur. Et c’est au gré de ses voyages qu’il a continué à affiner son savoir-faire. Dès l’âge de 13 ans, il quitte le domicile familial pour découvrir d’autres pays. Côte d’Ivoire, Mali et Burkina Faso, il a des envies d’indépendance. Qui se ressentent encore aujourd’hui : expositions en Argentine ou au Kazakhstan et masterclass à Taïwan.

Investissement fort à Saint-Denis

Bien que les odeurs du Cameroun lui manquent, Lamyne M est profondément attaché à Saint-Denis, sa ville de cœur. Cette commune, il y pose d’abord ses valises sans grande conviction, il y a maintenant 20 ans. Avant, il habitait les beaux quartiers parisiens, où il a vécu dans l’ancien atelier du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle. Puis c’est la future mère de son fils qui tombe amoureuse de Saint-Denis et désire s’y installer avec lui. Depuis, il n’a plus déménagé. Ce qui l’a fait rester, c’est la mixité sociale. «Saint-Denis c’est la ville monde. Elle est cosmopolite, intergénérationnelle, multireligieuse et gay friendly

Désireux de s’investir professionnellement, il participe à la candidature de Saint-Denis au titre de capitale culturelle européenne de 2028. La ville se prépare pendant à peine trois ans, alors que d’autres ont initié leurs démarches des années plus tôt. Le projet échoue : Saint-Denis s’incline face à Bourges. En tant que directeur artistique, Lamyne M avait choisi d’amener des performers, d’organiser des rencontres artistiques ou encore d’accueillir des présentations d’étudiants en art. Pour l’artiste, cette défaite n’est pas un échec : «On ne participait pas pour gagner, mais pour redonner du souffle à Saint-Denis.» Et selon lui, c’est chose faite.

Margo Bierry