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Savoir nager à Aubervilliers, un océan de défis – Grand Paris Popu

Savoir nager à Aubervilliers, un océan de défis

Entre manque de maîtres nageurs et créneaux insuffisants, le centre nautique Marlène Peratou peine à satisfaire les besoins de tous les écoliers d’Aubervilliers. Le centre Camille Muffat devrait offrir de nouvelles perspectives pour garantir à tous un accès à la natation.

Aubervilliers, le 17 décembre 2024. En CM1, Chadène s’entraîne pour obtenir son attestation de savoir-nager en sécurité qu’elle passera d’ici son entrée en sixième. © Oscar Lebreton

« On ne perd pas de temps, on a à peine 35 minutes », s’exclame Sébastien Peratou, maître nageur-sauveteur (MNS). Les bonnets sont vissés, les lunettes ajustées, les cheveux attachés. Il est 9 heures. Les CM1-CM2 de l’école Quinet, à Aubervilliers, sont prêts à plonger. Dans le grand bassin du centre nautique Marlène Peratou, l’atmosphère est studieuse, à peine ponctuée, ici et là, par les souffles réguliers des nageurs les plus expérimentés. Les « jaunes et verts », comme les surnomment les MNS, glissent sur le dos. Planches jaunes à l’avant et jambes en perpétuel mouvement.

Quelques mètres plus loin, ça glisse beaucoup moins bien. Douze enfants s’accrochent au mur carrelé du petit bassin, éclaboussant l’eau turquoise dans leurs efforts pour rester à flot. « Allez, on essaye de toucher le fond avec les pieds », encourage Sébastien Peratou, sourire aux lèvres, mais ferme dans ses consignes. Ce sont les « blancs et rouges », ceux qui ne sont pas prêts à obtenir l’attestation de savoir-nager en sécurité (ASNS). Rester statique, nager sur le dos ou encore faire l’étoile de mer, 74 % des élèves de Seine-Saint-Denis entrés en sixième en sont incapables, d’après une enquête menée par l’Académie de Créteil en 2021.

« Plus de temps avec les enfants serait idéal »

Le département souffre cruellement d’un manque d’infrastructures. À Aubervilliers, le centre nautique Marlène Peratou porte à lui seul la responsabilité d’apprendre aux enfants à nager. Priorité donnée aux CM1 et CM2, suivis de quelques collèges et lycées. Malgré une augmentation de la fréquentation des scolaires depuis 2017, les créneaux restent insuffisants. Trop peu pour accueillir tous les niveaux, trop courts pour en maximiser l’impact. En une matinée, la piscine accueille quatre écoles différentes, chacune pendant 35 minutes, répartis sur une dizaine de séances au total. « Avoir plus de temps avec les enfants en difficulté serait idéal, car c’est souvent vers la fin que les peurs disparaissent », déplore Shana, jeune maître-nageuse diplômée.

Maître-nageur-sauveteur, un métier en manque d’attractivité

Autre raison des lacunes en natation : la pénurie de maîtres-nageurs. À l’échelle nationale, 5 000 postes restent à pourvoir dans le secteur. Marlène Peratou n’est pas épargné par le phénomène. Les maîtres-nageurs sont aujourd’hui neuf, mais n’étaient que quatre en début d’année. Des choix difficiles ont alors été faits, parfois au prix de solutions temporaires. Parmi elles, demander aux professeurs des écoles d’encadrer eux-mêmes les écoliers à l’aide de feuilles d’exercices. « Mais les résultats n’étaient pas au rendez-vous », déplore Claudine, maître-nageuse.

Claudine déplore le manque d’attractivité du métier. En février, elle part travailler à Clichy en quête d’un meilleur salaire. Puis elle est revient à Aubervilliers en octobre après que la mairie a accepté de revaloriser les rémunérations. Mais la piscine municipale court toujours le risque de voir son personnel la quitter. « Paris offre des conditions qu’on ne peut pas égaler, surtout au niveau du salaire, illustre le directeur Rachid Baali. Là-bas, une heure avec les scolaires est égale à deux heures. Tandis qu’ici, les enseignements scolaires ne sont pas aussi valorisés. »

Aubervilliers, le 17 décembre 2024. Durant les Jeux de Paris 2024, le centre nautique Camille Muffat a accueilli les délégations de water-polo pour leurs entraînements. © Oscar Lebreton

Le centre aquatique Camille Muffat, un atout pour le savoir-nager

À Aubervilliers, les carences en natation proviennent également des habitudes culturelles. « Les familles ne conduisent pas forcément leurs enfants à la piscine. Beaucoup n’ont jamais mis un pied dans l’eau, parfois pas avant le CM1 », explique Fouad, père de Chadène et professeur à l’école élémentaire Albert Matthiez. Pour lui, l’inscription de sa fille à la natation était essentielle : « C’est simple, soit elle pratique à la piscine, soit lorsqu’on part en vacances. » Le savoir-nager dépend alors de la durée des vacances d’été, elle-même influencée par l’origine sociale. Une réalité confirmée par une étude de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) menée en 2021.

Pour remédier à ces lacunes, Aubervilliers mise sur le centre aquatique Camille Muffat, ouvert le 10 décembre, après avoir accueilli les délégations de water-polo pour leurs entraînements durant les Jeux de Paris 2024. Ce « cadeau du ciel », comme le qualifie Rachid Baali, permettra d’ouvrir des créneaux pour les CP au centre nautique Marlène Peratou. « L’accueil des CP, CM1 et CM2 à Camille Muffat débutera en janvier 2025 », précise Ali Hammouda, responsable d’exploitation pour Récréa, gestionnaire du site.

Oscar Lebreton