Notice: La fonction _load_textdomain_just_in_time a été appelée de façon incorrecte. Le chargement de la traduction pour le domaine newscard a été déclenché trop tôt. Cela indique généralement que du code dans l’extension ou le thème s’exécute trop tôt. Les traductions doivent être chargées au moment de l’action init ou plus tard. Veuillez lire Débogage dans WordPress (en) pour plus d’informations. (Ce message a été ajouté à la version 6.7.0.) in /home/u643358404/domains/ipjnews.fr/public_html/wp-includes/functions.php on line 6114
Sandra Métier, fière figure du rugby balbynien  – Grand Paris Popu

Sandra Métier, fière figure du rugby balbynien 

Joueuse emblématique de l’AC Bobigny 93 Rugby, évoluant en Élite 1, Sandra Métier cumule depuis 17 saisons rugby et activité professionnelle. Un choix assumé, nourri par une immense passion pour son sport.

À 36 ans, Sandra Métier demeure un pilier de l’équipe de Bobigny. Réservée dans la vie de tous les jours, la Balbynienne déploie toute sa rage de vaincre sur les terrains de rugby (Baptiste Fauthoux)

Ce n’est pas exagérer que de dire que Sandra Métier est chez elle dans les allées du Stade Henri Wallon de l’AC Bobigny 93 Rugby. À 36 ans, l’ancienne capitaine du club de Seine-Saint-Denis arpente les lieux avec automatisme, logo du club sur le cœur. Avec ses 17 saisons dans les crampons au sein de son club de toujours, celle qui n’aime pas être sous les feux des projecteurs, est connue de tous. Son naturel timide s’évapore dès lors que l’on lui parle de rugby et de ses souvenirs.

La filière STAPS de Bobigny, usine à talents

Sandra n’a découvert le rugby qu’à 20 ans. Petite, la Tremblaysienne d’origine s’imagine plutôt avec un ballon rond dans les pieds. Ses parents refusent. Elle se dirige alors vers le tennis, qu’elle pratique durant une dizaine d’années. Mordue de sport, elle s’oriente vers une licence de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) à l’université Paris 13, située à Bobigny. Sandra Métier y découvre le rugby. 

C’est Marc-Henri Kugler, professeur de rugby en STAPS et entraîneur de l’équipe féminine de Bobigny, qui l’a convaincue de tenter l’aventure. L’adhésion est immédiate. «J’ai tout de suite découvert une bonne ambiance, une atmosphère plaisante avec une certaine cohésion. C’est une dimension que je n’ai jamais retrouvée ailleurs. La notion de combat m’a énormément plu», se souvient la demi d’ouverture. Sandra débarque à l’AC Bobigny en même temps que 12 autres étudiantes, six d’entre elles connaîtront l’équipe de France. L’année suivante, en 2009, cette génération permet au club de rejoindre l’Élite 1. 

Un toit avant l’équipe de France

Bien que le club évolue en première division, le rugby féminin reste amateur. Au programme de la semaine : 3 à 4 entraînements, en ajoutant les séances vidéo et la musculation qu’elle affectionne tout particulièrement. Quand elle quitte l’université en 2010 avec sa licence en poche, la joueuse de rugby n’a d’autres choix que d’enchaîner les petits boulots pour lui permettre de vivre tout en s’entraînant. Elle occupe plusieurs emplois. D’abord à la sous-préfecture de Saint-Denis, un autre au secrétariat à la Sorbonne et enfin de nombreuses missions en restauration. La jeune femme touche alors un peu plus que le SMIC et vit principalement en colocation.

À 26 ans et après 4 années de petits boulots, l’internationale française aux 8 sélections ressent un besoin de stabilité. Elle aime les métiers de l’ordre, mais rate le concours de la gendarmerie lors de l’épreuve orale. Le sujet ? La sécurité dans les transports. C’est pourtant dans ce domaine qu’elle travaille aujourd’hui, au sein du groupe de protection et de sécurité des réseaux (GPSR), après une formation à la RATP lors de l’été 2014.

Une formation qui l’oblige à faire une croix sur la Coupe du monde. Et ce, malgré les appels de la fédération à la RATP. Elle n’est plus jamais appelée en bleu. «C’était soit le rugby, soit le travail. C’est la seule fois où l’on n’a pas pu trouver d’arrangement. Il fallait que je vive, donc le travail a primé. Mais je ne regrette rien. Désormais, j’ai un toit. Et puis, je ne pense pas que cet épisode ait joué dans le fait que je ne sois plus appelée en équipe de France», assure celle qui ne conserve que de bons souvenirs en sélection. 

“Je préférerais devenir gréviste plutôt que de rater un entraînement” 

À la RATP, elle prend ses fonctions à Bobigny. Puis, elle part chaque jour sur le terrain dans la zone de Paris nord. Soit de jour, soit de nuit. Dans son service, elles sont seulement 3 femmes sur une soixantaine d’employés. «C’est un monde d’hommes, parfois machistes, mais je m’y sens bien. Le rugby m’aide à avoir une certaine condition physique, à m’imposer dans ce milieu et à affirmer mon répondant », affirme Sandra Métier. 

La charge de travail demeure lourde. Sandra ne s’en plaint pas. «Je préférerais devenir gréviste plutôt que de rater un entraînement», assure-t-elle. Si nécessaire, elle s’arrange avec ses collègues et pose des jours de congés pour partir en déplacement. Parfois, après un entraînement ou un match, elle enfile son bleu de travail et part, de nuit, sécuriser le réseau RATP. Encore une fois, un choix assumé et totalement soutenu par son club de Bobigny. 

Un groupe qu’elle n’a jamais songé quitter, tant les valeurs et l’ambiance familiale qui y règnent lui plaisent. «Ici, on a une identité particulière, qui est incroyable. Toutes les religions, nationalités ou mentalités s’entremêlent sans jugement. Moi, j’adore», sourit-elle. Pourtant, Sandra le sait, la fin de carrière pointe le bout de son nez. Si elle n’arrive pas encore à se la figurer, elle pose un fier regard sur son parcours. Et que dire de ses parents qui ne voulaient pas qu’elle s’inscrive au foot plus jeune ? «Ils sont contents de ce que je fais. Ils ont peur, bien sûr, car le rugby est un sport de contact. Mais ils m’ont toujours suivie et accompagnée. Ma mère vient encore me voir à 36 ans», explique-t-elle avant de conclure d’un ton prudent, mais souriant : «Mes parents sont fiers de moi. En tout cas, je suppose, ils me le disent.» En tout cas, aucun doute, ses supporters le sont.

Baptiste Fauthoux