L’Espace sénior a démarré la distribution de colis de Noël à l’Hôtel de ville, le 17 décembre. L’occasion pour les retraités de recevoir des mets gratuits mais aussi d‘entretenir le lien social.
Lunettes sur la tête et sourire aux lèvres, un homme d’une cinquantaine d’années s’agite derrière une rangée de tables. Il n’a pas une seconde à perdre. Il déballe de grandes boites décorées aux couleurs de Noël, alors que les premiers retraités entrent dans la salle Pablo Neruda de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, ce mardi 17 décembre. «C’est l’un des événements les plus importants de l’année. Ils sont toujours nombreux à venir pour les fêtes», explique Jean-Luc Civolani, le coordinateur du service animation de l’espace senior de la ville. Cette année, 3 200 personnes se sont inscrites. Elles viendront toutes récupérer leurs boites de nourriture d’ici au 20 décembre. La mairie organise la distribution des colis festifs dans différents quartiers de Bobigny pour permettre à tous les retraités de participer.
Ils sont déjà nombreux alors qu’il n’est pas encore 9h. Des groupe commencent à se former autour du buffet pour le petit déjeuner. Tranches de gâteau, jus de fruits et boissons chaudes. Une odeur de café se propage dans la grande pièce pendant que deux femmes d’environ soixante ans discutent dans un coin. Elles rient et cherchent du regard un endroit ou s’asseoir. L’une d’elles est une habituée des lieux. Elle n’a pas raté une distribution de colis festifs depuis qu’elle pris sa retraite. «C’est la cinquième fois que je viens. L’événement est très plaisant. Je sens que les organisateurs se soucient des retraités. C’est fait avec beaucoup d’amour», confie Huguette.
Un lieu de rencontres
L’ambiance est festive dans la salle située au rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville de Bobigny. Un DJ tente de faire danser les retraités. Musiques orientales, Britney Spears ou I Had the Time of My Life. Il a plus de succès avec Georges Brassens. Assises à une table, plusieurs femmes poussent la chansonnette en sirotant leur café. Emmitouflée dans sa doudoune noire, le front caché par un bonnet, Martine range son colis dans son sac. «Je viens que pour le cadeau, blague-t-elle en regardant ses amies, et je grossis à chaque fois. Je ne peux pas échapper aux deux kilos en plus si je mange tout ce qu’il y a dedans. Il est très garni.» Elle a choisi la formule végétarienne. À l’intérieur de sa boîte : une bouteille de vin chaud, un sachet de cookies, des chocolats, un crumble au chèvre, une soupe de potimarron et un pot de compote. Dans la version à la viande, du foie gras et de la dinde remplacent le fromage et la soupe.
Outre le cadeau de Noël en avance, les Balbyniens viennent ici chercher du lien social. Marcel, une soixantaine d’années, semble connaître tout le monde. Le retraité circule entre les tables et charrie ses connaissances sur son passage. L’une de ses amies lui reproche d’être trop «dragueur». Marcel ne reste jamais sérieux très longtemps. «Nous les retraités, on n’est jamais invités, on est plutôt évités», se plaint-il, avant de préciser que c’est de l’humour. Il poursuit : «À Bobigny, on a de la chance par rapport à d’autres villes. Il y a toujours des choses à faire pour nous, les retraités.»
Une vie bien remplie
La vie des séniors est l’une des priorités de la mairie, assure Rachida Boubakri. Cheffe de cabinet du maire, elle est présente ce matin-là. «Les populations vieillissent même dans les banlieues jeunes. La plupart d’entre eux sont autonomes, mais ils ont des besoins spécifiques. Notre rôle est de les encourager à rester actifs, à sortir et à rencontrer de nouvelles personnes», revendique-t-elle. Tous les retraités ne sont toutefois pas autant investis au sein du centre sénior. Nombres d’entre eux récupèrent leur colis, un café à la va-vite et ressortent de la salle Pablo Neruda aussitôt.
Bonnet fuchsia sur la tête, Monica regarde le calendrier des activités pour retraités sur son téléphone. Elle s’assoit avant de crier «Je te garde une place !», à une amie encore dans la queue pour récupérer son colis. Depuis qu’elle ne travaille plus à l’hôpital Avicenne, sa vie est rythmée par la ville : «On est un petit groupe de copines et on s’est toutes rencontrées aux événements organisés par la mairie. On va à la gym ensemble toutes les semaines. On s’appelle souvent pour décider des ateliers auxquels on se rend, raconte-t-elle. Aujourd’hui, on est toutes venues.»
Marnie Abbou