À 34 ans, ce jardinier-paysagiste travaille depuis toujours pour la mairie. Aujourd’hui chargé du lien entre la commune et ses habitants à l’Antenne de vie de quartier Gaston-Lauriau, il y trouve un moyen de rendre à sa ville ce qu’elle lui a donné.
Quentin Dage a toujours eu la main verte. A 34 ans, il organise des ateliers jardinage avec les enfants du centre de loisirs Louise-Michel de Montreuil. Un moyen pour lui de joindre deux domaines qu’il affectionne : «Je cherchais une activité à faire avec les enfants pour revitaliser le centre-ville. Donc j’ai décidé de leur proposer de rester dans ce que je sais faire, le jardinage. Les enfants sont très impliqués, plus que les adultes. Ils montrent à leurs parents leurs réalisations quand ils passent devant, c’est super», conclut-il, très satisfait du résultat.
Cet «amour de la flore», comme il l’appelle, Quentin Dage l’a appris de son père : «Il avait une collection de bonsaïs et d’orchidées. J’ai pris très tôt le goût de l’horticulture.» Il décide de faire de sa passion son métier dès son entrée au lycée professionnel horticole Jeanne-Baret de Montreuil. Des années durant lesquelles Quentin Dage effectue des stages dans le privé comme à la ville de Montreuil. Une fois diplômé, il rejoint le service des espaces verts de la mairie : «J’ai candidaté par facilité, avoue-t-il dans un éclat de rire. Je connaissais la ville. J’ai rejoint leur équipe car ce sont les premiers qui m’ont répondu.»
Une fois entré à la mairie, Quentin Dage a travaillé au parc Montreau. «Je plantais des massifs, réalisais des pas japonais ou tondais les pelouses», énumère-t-il. Puis il est devenu chef de projet et maître d’apprentissage : «J’ai commencé à avoir une équipe de jardiniers avec moi et j’étais le référent scolaire de jeunes en lycée horticole. Ils faisaient des stages sous ma direction.» Un travail qui lui a permis de s’ouvrir aux autres et de rendre à la ville ce qu’elle lui a donné.
«À Montreuil, les gens ont besoin de contacts»
En février 2024, après 14 ans dans le technique, il rejoint le service citoyenneté en tant que gestionnaire urbain de proximité pour «(se) rapprocher des gens». L’Antenne de vie de quartier Gaston-Lauriau, situé à proximité du centre-ville où il a grandi, était le lieu idéal pour lui. Ce nouveau poste lui sied à merveille. «Je m’assure du lien entre les Montreuillois et les services techniques de la mairie.» Cependant, c’est l’ambiance de travail qu’il préfère. Selon lui, elle est typique de l’«esprit banlieue» : «À Montreuil les gens ont besoin de contact. Il y a une bienveillance générale ici.»
Pour Quentin Dage, ce nouveau poste est l’illustration d’un changement chez lui. Enfant, il lui était inconcevable de travailler derrière un ordinateur. Aujourd’hui, même s’il continue d’aller sur le terrain, il travaille souvent dans son bureau, un quotidien qu’il apprécie désormais : «Je dois avouer que je suis bien heureux de ne plus avoir à mettre mes mains dans la terre en hiver», s’exclame-t-il.
Quentin Dage souhaite «bien faire pour cette ville». Très attaché à la diversité culturelle de Montreuil, il y a grandi et s’y est fait des amis. D’ailleurs l’un d’entre eux est boucher à la Croix-de-Chavaux, un quartier de Montreuil. Sa mère habite encore près de la cité de l’Espoir. «C’est mes racines, Montreuil», résume-t-il.
«Si un sujet me plait, il faut que j’approfondisse»
Quentin Dage n’a pas prévu de «plan de vie», comme il dit. Il marche à l’instinct et ses décisions sont souvent impulsives. Comme lorsqu’il décide de se faire un premier tatouage il y a deux jours : «Avant les tatouages, c’était niet pour moi et puis l’envie m’est venue et je l’ai fait», lâche-t-il en montrant son bras.
Il ne fait jamais les choses à moitié, surtout dans ce qu’il apprécie : «Si un sujet me plait, il faut que j’approfondisse. Quand je regarde un film, je regarde les autres films qu’a fait le réalisateur. Je suis tous les week-end au Méliès [cinéma de Montreuil, ndlr]. D’ailleurs, tous les visages de la salle me sont familiers.»
Aujourd’hui, sa femme et lui ont emménagé à Fontenay-sous-Bois, une commune limitrophe à Montreuil. Le couple a senti le besoin de séparer leurs lieux de vie professionnel et personnel. Mais Quentin Dage n’a pas abandonné Montreuil pour autant. «J’y passe encore la majeure partie de mes journées», glisse-t-il d’un air malicieux. Comme s’il se sentait obligé de rappeler une dernière fois le lien qui l’unit à sa ville.
Thomas Douhairet