Élu pour la première fois en 1977, Laurent Cathala n’a jamais plus quitté la mairie de Créteil. A près de 80 ans, le socialiste est à la tête d’une ville de presque 100 000 habitants dont une grande partie de jeunes.
Laurent Cathala dans son bureau à la mairie de Créteil. Blanche Boisnel-Hébert
Avec une population de moins de 29 ans supérieure à 40%, Créteil est une ville très jeune. Était-ce déjà le cas lors de votre premier mandat ?
Oui, je dirais même que la ville était encore plus jeune à l’époque. La question de la jeunesse a toujours été une préoccupation importante à Créteil.
Qu’est ce qui a changé en 47 ans pour la jeunesse de Créteil ?
Déjà, la ville a quasiment doublé sa population puisqu’on est passé de 45 000 à 91 000 habitants. Il y a aussi eu un développement important des infrastructures culturelles, sportives, et évidemment du logement. Le visage de la ville est complètement différent.
Comment avez-vous appréhendé les problématiques de la jeunesse lors de vos huit mandats ?
Au départ, je ne menais pas forcément une politique spécifiquement dirigée elle. Mais on avait besoin de forger l’identité de Créteil. Comme dans beaucoup de villes de banlieue, la ville n’avait pas d’identité propre, il fallait l’inventer. Alors j’ai voulu faire de la jeunesse son identité. Pour cela, on a misé sur la culture, le sport et l’éducation. Par exemple, j’ai cédé un certain nombre de terrains à l’université pour qu’elle continue à se développer.
Et à presque 80 ans, vous êtes toujours proche des jeunes ?
Pas autant qu’avant, il faut le reconnaître. Mais je me déplace toujours beaucoup dans les écoles ou les quartiers quand il y a des problèmes. Je suis au courant des difficultés sociales des jeunes d’aujourd’hui.
Comment tentez-vous d’y remédier à la mairie ?
Nous tentons de favoriser la vie associative dans toutes ses dimensions, d’assurer un certain rayonnement de la collectivité. Cela représente une partie importante du budget de la mairie, près de 10%. Nous avons des structures qui font connaître la ville comme le club de handball ou le conservatoire à rayonnement régional. Nous avons aussi une scène nationale à la maison des arts et de la culture. Tout cela rend la jeunesse de la ville très dynamique.
Cela est-il suffisant ?
Difficile à dire, mais on constate les retombées de cet investissement au niveau social. Par exemple, au niveau des émeutes d’il y a deux ans, Créteil a complétement été épargné. Donc je pense que tout ce travail sur le plan culturel, éducatif et sportif fait que les Cristoliens [habitants de Créteil, ndlr] se connaissent, se rencontrent et se respectent.
Il n’y a donc pas de tensions sociales à Créteil ?
Ce n’est pas le paradis ! Il n’y a pas de havre de paix dans une société violente, mais on n’est plus épargné que d’autres communes malgré une population populaire. On a quand même 45% de logements sociaux dans une ville où toutes les communautés religieuses sont représentées mais il n’y a pas de tensions communautaires importantes dans les cités.
Selon vous, la mixité sociale à Créteil favorise le vivre-ensemble ?
Je pense que oui. Répartir les logements sociaux dans l’ensemble de la ville et ne pas parquer les jeunes et les communautés dans certains quartiers est un objectif important que nous avons tenté d’atteindre. C’était une vraie volonté lorsque nous avons étendu le parc locatif de la ville.
Les jeunes de Créteil vous connaissent-ils ?
Pas tous je pense ! J’essaie de les rencontrer à travers les conseils municipaux d’enfants, d’ados et celui des jeunes. Je me rends aussi aux événements sportifs et culturels où je suis amené à les rencontrer.
Lors des prochaines élections municipales en 2026, vous aurez 82 ans. Allez-vous tenté de briguer un neuvième mandat ?
Je suis comme Molière, je veux mourir sur scène (rires). Plus sérieusement, tant que je suis passionné par ma ville, et je le suis toujours, je continuerai.
Propos recueillis par Laura Ferhane